Le nouveau nom du CHSCT et ses implications pour les entreprises

Il y a des mots qui disparaissent, mais pas les responsabilités. Depuis 2017, le sigle CHSCT s’est effacé, mais la question de la santé et de la sécurité au travail ne s’est jamais éclipsée. Les entreprises doivent composer avec de nouveaux dispositifs, où les missions des représentants du personnel changent de contours et s’adaptent à la taille de chaque structure.

Dans ce paysage en mutation, certaines sociétés doivent instaurer une commission dédiée, pendant que d’autres disposent désormais d’une réelle flexibilité pour organiser la prévention des risques professionnels. Autant de changements qui obligent employeurs et salariés à repenser leur rôle pour bâtir, ensemble, un environnement de travail plus sûr.

CHSCT, CSSCT et CSE : comprendre les nouveaux repères en santé et sécurité au travail

La fusion des instances représentatives du personnel a bouleversé les codes : désormais, le comité social et économique (CSE) s’impose comme la référence dans le dialogue social. L’ancien comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) a disparu, laissant la place à la commission santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT) dans les entreprises de plus de 300 salariés, ou si l’inspection du travail l’exige. La mission, elle, reste inchangée : protéger la santé, prévenir les dangers, agir concrètement sur les conditions de travail.

Ce changement répond à une logique bien balisée par le code du travail. Selon l’article L. 2315-36, la CSSCT traite directement des questions d’hygiène, santé et sécurité. Pour autant, cette commission n’avance pas en solitaire : elle fonctionne sous l’égide du CSE, qui garde la main sur les décisions-clés. La CSSCT, elle, prépare les dossiers techniques, émet des propositions pour réduire les risques, analyse les situations critiques, et déclenche l’alerte si besoin.

Aujourd’hui, les entreprises doivent revoir la façon de mener le dialogue social. Coller à la lettre du texte ne suffit plus : il faut renforcer la coopération avec les élus du personnel. Même la fonction publique s’aligne, adaptant ce modèle selon la diversité de ses missions et la complexité de ses statuts.

Ce nouvel équilibre entre exigences réglementaires et réalité du terrain impose une vigilance accrue. Les articles du code du travail deviennent des outils de pilotage, et les délégués du personnel s’impliquent davantage. Les repères changent, mais une constante demeure : garantir pour tous un espace de travail où la sécurité et la santé ne sont pas négociables.

Quels changements concrets pour les entreprises et leurs salariés ?

La transition du CHSCT à la CSSCT, orchestrée par le CSE, n’est pas qu’un jeu d’étiquettes. Les entreprises doivent faire de la prévention des risques professionnels un sujet permanent du dialogue social. Désormais, la commission santé, sécurité et conditions de travail devient un acteur central sur les questions de santé physique et mentale au travail.

Pour les employeurs, il ne s’agit plus seulement de respecter la réglementation. Ils doivent anticiper, repenser leur organisation interne, revoir les procédures en vigueur et accorder une attention nouvelle à la mise en place de la CSSCT. Cela passe souvent par une formation renforcée des membres du personnel concernés. La délégation du personnel s’impose comme un véritable observateur : elle identifie les dangers, analyse les causes d’accidents du travail, suit l’évolution des maladies professionnelles. Les discussions se font plus pointues, et les responsabilités se partagent plus largement.

Pour les salariés, la parole prend une autre dimension. La CSSCT porte leurs préoccupations, suggère des mesures concrètes, et mesure l’efficacité des initiatives de prévention. Les membres du CSE ont désormais accès à une information élargie concernant la santé, la sécurité et les conditions de travail : plans de prévention, bilans annuels, analyses après incidents.

Quelques exemples concrets illustrent cette nouvelle dynamique :

  • Réunions plus fréquentes sur les risques professionnels, pour un suivi plus serré des situations sensibles
  • Suivi renforcé des accidents et des maladies liées à l’activité professionnelle
  • Formation accrue des représentants du personnel, pour mieux appréhender les enjeux de prévention

La responsabilité collective évolue, tout comme la place accordée à la prévention dans la stratégie de l’entreprise. La vigilance n’est plus l’affaire de quelques-uns, elle s’ancre au cœur du quotidien de l’entreprise.

Document CSE sur un bureau avec ordinateur et café

Outils et conseils pour exercer ses droits et obligations avec la CSSCT

La CSSCT ne se résume pas à une mention sur l’organigramme. Elle s’appuie sur des outils concrets, à commencer par le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP). Ce document centralise la démarche de prévention, structure l’analyse des dangers et nourrit le dialogue entre employeur et représentants du personnel. Sa mise à jour annuelle ne doit pas être vue comme une formalité administrative : elle s’enrichit des retours du terrain, des statistiques sur les accidents du travail et des signaux, même faibles, liés à la santé physique et mentale des salariés.

La formation CSSCT est un autre levier à ne pas négliger. Les membres bénéficient d’une formation spécifique prévue par le code du travail. Cette formation aborde l’analyse des situations à risque, l’identification des marges de progression pour améliorer les conditions de travail, et la compréhension fine des mécanismes de prévention. À charge pour l’employeur d’adapter son plan de formation et de libérer du temps pour ces apprentissages ciblés.

Pour rendre la commission vraiment efficace, voici quelques recommandations concrètes :

  • Consultez régulièrement les ressources documentaires de l’INRS, de l’ANACT et des services de santé au travail pour faire évoluer vos pratiques.
  • Gardez une trace écrite des échanges lors des réunions CSSCT afin de suivre précisément les actions décidées et leur mise en œuvre.
  • Pensez à intégrer la prévention dès la conception de tout nouveau projet ou chantier de transformation dans l’entreprise.

Quand chacun s’approprie ces outils et joue le jeu du collectif, la CSSCT ne se contente pas de remplir une obligation : elle s’impose comme une pièce maîtresse de la santé et de la sécurité au travail, au service d’un quotidien mieux protégé.

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